L’adolescence est une étape cruciale pour le bon développement de notre corps. Cette période de croissance nécessite des habitudes alimentaires spécifiques. Entretien avec Pauline Mainguy, diététicienne-nutritionniste de l’association Agosse*.
Comment mangent les adolescents en Guadeloupe ?
Une étude, « Kannari », a fait ressortir une consommation de fruits, de légumes et de produits laitiers trop faible chez les 11-15 ans en Guadeloupe et en Martinique. Les apports en calcium, fer et vitamine C se révèlent inférieurs aux recommandations nutritionnelles. A l’inverse, il apparaît que les adolescents préfèrent les féculents, viandes, poissons et œufs, ainsi que les boissons et les produits gras.
Pourquoi ces préférences alimentaires ?
L’adolescence est une période où les besoins énergétiques et nutritionnels augmentent de manière importante. En cinq ans, l’adolescent acquiert 15 % de sa taille d’adulte et près de la moitié de son poids ! Il va donc instinctivement se tourner vers des aliments énergétiques, ainsi que vers la consommation des aliments dits de snacking (pizza, sandwiches, fast-food,…).
Comment s’organisent les repas des ados ?
La notion d’équilibre alimentaire n’est pas toujours présente. Le petit-déjeuner est souvent remplacé par une collation riche et salée dans la matinée. Les déjeuners ne sont pas toujours pris, car les repas de la cantine sont décrits comme « moches et mauvais ». Par conséquent, les adolescents déjeunent à l’extérieur de l’établissement et consomment des aliments nomades (street food), des fast-foods. Le saut d’au moins un repas n’est pas rare, et le grignotage entre les repas concernerait plus d’un adolescent sur deux. Et dans certaines familles, le diner se compose d’un plat prêt à consommer.
Et la durée du repas ?
La durée minimale d’un repas devrait être de 20 minutes, le temps nécessaire pour que l’estomac signale au cerveau que nous avons assez mangé. Or, les repas sont consommés trop rapidement. Cela peut s’expliquer par une courte pause au déjeuner, ou par la présence d’un écran.
Quels sont les impacts des écrans sur l’alimentation ?
La présence d’un écran au moment des repas nous pousse à manger de façon mécanique. Dès lors que la durée passée devant un écran augmente, le grignotage qui y est associé augmente aussi… Il existe à ce jour de nombreuses études démontrant le lien entre temps d’écrans et obésité, notamment chez les enfants.
Des réseaux sociaux ?
Très influencés par les réseaux sociaux, les adolescents sont exposés à un discours complexe et contradictoire : cacophonie des messages nutritionnels, multitude des sources d’informations, désinformation par certains « instagrameurs.es) », croyances erronées, idées reçues. Beaucoup d’adolescents n’ont pas à leur disposition les bonnes connaissances diététiques et nutritionnelles.
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